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Photo, voyages et créations
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29 avril 2014

Exposition "Phares" à Metz, suite et fin

On poursuit la visite au Pompidou de Metz (les présentations sont toujours reprises du site du musée) :

Frank Stella (né en 1936) Polombe, 1994 Acrylique sur toile, 335 × 960 cm

Artiste du minimalisme américain, Frank Stella prône dans les années 1960 une grande radicalité dans le traitement de la peinture. Il réalise alors des œuvres de grand format, les shaped canvases (toiles découpées), où le motif géométrique déployé détermine la forme du tableau. Sa pratique connaît un bouleversement décisif dans les années 1970, lorsqu’il introduit des formes courbes et en relief métallique dans sa peinture, frôlant alors la sculpture. Dans les années 1990, il amorce une étape supplémentaire avec la série des Imaginary Places (Lieux imaginaires) dont Polombe fait partie. Témoin de la complexification de son répertoire, cette œuvre présente un enchevêtrement de formes issues de références personnelles, retravaillées par l’outil informatique dont on devine l’usage par la vectorisation de certaines d’entre elles, qui paraissent encore au stade de l’ébauche. Beaucoup de ses œuvres trouvent leur inspiration dans la littérature classique ou l’histoire. Ainsi, le titre Polombe évoque une cité imaginaire issue d'un célèbre récit du XIVe siècle, le Livre des Voyages de Jean de Mandeville.

Phares-Metz (11)

Pierre Alechinsky (né en 1927) Le Monde perdu, 1959 Huile sur toile, 204 × 308 cm

Membre actif du mouvement CoBrA (acronyme de Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) entre 1949 et 1951, Pierre Alechinsky s’initie par la suite à l’art chinois de la peinture. Abandonnant son chevalet, l’artiste pose la toile à plat, à même le sol. Sa position nouvelle, en surplomb, invite son corps à se déployer, libérant le pinceau. Lors de son unique voyage au Japon en 1955, Alechinsky découvre la philosophie Zen et la discipline calligraphique. Dès lors, il transpose cette maîtrise picturale dans ses travaux à l’encre de Chine comme à l’acrylique, d’éclaboussures en traits cursifs. La technique employée dans cette huile sur toile, dont la texture rappelle la finesse du papier, adopte la souplesse, l’amplitude et la rapidité du geste propres à la calligraphie. Des arabesques peuplent ainsi la composition, construite autour de la fenêtre centrale. Enfin, l’influence littéraire de ce « peintre écrivant » est illustrée par le choix du titre de l’oeuvre, inspiré du célèbre roman d’aventures d’Arthur Conan Doyle Le Monde perdu.

Phares-Metz (12)

Jean Degottex (1918-1988) Aware II, 28.3.1961, 1961 Huile sur toile, 202 × 350 cm

Au cours d’un séjour à Portsall dans le Finistère lors de l’été 1954, Jean Degottex peint sur le motif le littoral breton. L’artiste autodidacte abandonne alors toute volonté de représentation au profit d’une interprétation du paysage comme support de méditation. André Breton lui transmet sa passion pour la culture orientale à la même époque. Influencé par la calligraphie japonaise et chinoise, Degottex délie son écriture d’un trait vif et assuré, que l’observateur peut retracer en suivant la courbe des signes. Pour la première fois, l’artiste peint sur une toile de taille monumentale, qui traduit l’engagement absolu de son corps et de son esprit. Le titre de l’œuvre fait d’ailleurs référence au « Furyu », un ensemble de principes d’élégance, de finesse et de beauté définissant l’état d’esprit Zen. Parmi les quatre états fondamentaux de cette doctrine philosophique, Aware évoque la conscience du caractère éphémère des choses.

Phares-Metz (13)

Un soulages, reconnaissable mais difficile à prendre en photo ! (bon je l'ai retravaillée, comme les autres en fait...)

Pierre Soulages (né en 1919) Peinture 202 x 453 cm, 29 juin 1979, 1979 Huile sur toile (diptyque), 202 × 453 cm

Enfant,  Pierre Soulages dessina un paysage enneigé à l’encre de Chine,  contrastant avec le blanc du papier. Il restera dès lors fidèle au noir,  tentant inlassablement d’en révéler les infinies variations et  intensités. Chaque création s’inscrit dans une unité dont la temporalité  est soulignée par son titre, dévoilant son format et sa date  d’achèvement. Appréhendées comme des objets, ces peintures explorent la  matérialité du médium, sans se soucier d’exprimer les états d’âme de  l’artiste et en évacuant toute interprétation du geste. C’est en 1979, à  l’occasion de l’exposition Soulages, peintures récentes au Centre Pompidou, qu’il dévoile au public ses premières toiles «  outrenoires », terme employé par l’artiste luimême à partir de 1990 et  désignant « un espace ‘’autre’’, devant la toile même ». Peinture 202 x 453 cm, 29 juin 1979 fait partie de cet ensemble qui incarne une réinvention dans son  oeuvre. « Couleur de lumière » selon Soulages, le noir est sublimé par  l’observation active du regardeur qui modifie la perception du pigment à  mesure qu’il se déplace en contemplant la toile.

Phares-Metz (14)

Ma préférée : une portion de sphère, blanc mat à l'extérieur, rouge brillant (avec un fini miroir) à l'intérieur : comme elle était posée face à la fenêtre, celle-ci et les visiteurs s'y reflétaient (mais à l'envers!)

Anish Kapoor (né en 1954) Sans titre, 2008 Fibre de verre, résine et peinture, profondeur 150 cm, diamètre 302 cm

Anish Kapoor, artiste britannique d’origine indienne qui se considère autant sculpteur que peintre, a acquis la reconnaissance internationale grâce à ses œuvres composées de formes géométriques recouvertes de pigments purs. La dimension spirituelle de son œuvre réside dans sa quête d’un monde poétique infini au-delà du visible, qui émergerait au cœur de notre espace matériel. Cette œuvre réfléchissante, minutieusement polie, participe à cette réflexion en renversant littéralement l’espace environnant. L’expérience sensorielle résultant de l’utilisation du miroir concave bouleverse profondément notre perception et parvient à rendre visible le vide. Ces miroirs non narcissiques, au lieu de renvoyer une image mimétique de la réalité, exaltent les distorsions et les illusions, en jouant sur les rapports entre vide et plein, intérieur et extérieur, matériel et immatériel. L’artiste souligne également les propriétés réfléchissantes de l’oeuvre en employant un rouge profond, permettant simultanément d’absorber et de refléter la lumière.

Phares-Metz (16)

Phares-Metz (17)

Phares-Metz (19)

Dan Flavin (1933-1996) untitled (to Donna) 5a, 1971 Tubes fluorescents, métal peint, 244 × 244 × 139 cm

Figure de l'art minimal américain, Dan Flavin développe un nouveau langage plastique qui contribuera à sa renommée à partir de 1963, en réalisant des œuvres exclusivement à partir de tubes fluorescents. Il atteint alors un degré d’épure inédit en faisant appel à un matériau industriel. À la frontière entre peinture et sculpture, ses compositions lumineuses s’intègrent dans des espaces spécifiques et parfois inhabituels. Exemple de cet art « situationnel », untitled (to Donna) 5a est issue d'une série d’œuvres disposées dans l'angle formé par deux murs, doublant ainsi les surfaces de réflexion de la lumière. Les deux sens de diffusion (vers le mur et vers le spectateur) aplatissent le volume en creux du coin de murs d’un côté et remodèlent l’espace d’exposition de l’autre. Depuis ses débuts, Flavin a coutume de dédier ses œuvres à des poètes, des artistes ou encore aux personnes qui œuvrent dans les coulisses du monde de l’art. Donna, à qui cette œuvre fait référence, serait une jeune femme qui travaillait au sein de sa galerie new-yorkaise au moment de la création de l’œuvre. « 5a » constitue le numéro de cette œuvre précise dans la série dont elle est issue.

Phares-Metz (20)

Encore une très difficie à prendre en photo ! Un cercle de plexiglas éclairé par 4 lampes (qu'on ne voit pas sur la photo, mais on a bien les halos)

Robert Irwin (né en 1928) Sans titre, 1967-1968 Peinture acrylique sur disque en Plexiglas, 4 lampes, diamètre du disque 137,5 cm

À la suite des Dots Paintings, ensemble de toiles aux bords recourbés, Robert Irwin s’interroge sur la nécessité en peinture de s’exprimer dans les limites d'un cadre. La série des Discs, dont fait partie l'œuvre présentée ici, joue sur l'illusion de la dissolution d'un cercle de plexiglas convexe sur son mur d'accroche. Robert Irwin réussit à éliminer une nouvelle fois les quatre angles de sa « peinture », qui irradie en son centre et forme une rosace lumineuse aux contours flous. Le regardeur, plongé dans une expérience sensorielle inattendue, ne peut déterminer si cette forme ronde originelle est concave, convexe ou plane, ni à quelle distance elle se situe exactement. Cette œuvre évanescente, dont le matériau premier est la lumière, répond à l’ambition du mouvement californien Light and Space, qui éclot à la fin des années 1960 et tend vers la dématérialisation de l’œuvre d’art. L'ensemble des Discs (1966-1969) constitue la dernière entreprise picturale de l'artiste avant qu'il ne s'engage dans la création d'environnements perceptifs et d'installations contextuelles (site specific), basés sur l’expérience du public.

Phares-Metz (22)

Voilà ! Il y a juste 2-3 oeuvres que je n'ai pas photograpjié, mais qui étaient d'aussi bonne facture...

En conclusion, une expo à voir (di'ici 2016, vous avez le temps !) si vous passez par Metz... Le musée de situe à 5 minutes à pied de la gare ! Et le trajet de puis Paris prend 1h25 si le train est direct...

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Commentaires
P
Merci pour la visite Isabelle et toutes les explications. J'aimerai bien visiter ce musée.
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